Paris est encore loin de l’Olympe mais s’en approche. Mercredi, le compte à rebours qui précède l’ouverture des JO franchira le cap du J-100. Pour l’occasion, les athlètes français seront à l’honneur au Grand Palais éphémère et 250 000 nouveaux billets seront mis en vente. La veille, l’agenda aura été dominé par la cérémonie d’allumage, à Olympie, de la fl amme attendue le 8 mai à Marseille à bord du trois-mâts le Belem, avec possiblement Zinédine Zidane en relayeur. Demain, sur BFMTV et RMC, Emmanuel Macron déblaiera le terrain de cette semaine qui va ancrer la France dans la réalité olympique.
Les organisateurs espèrent que ces rendez-vous permettront à Paris 2024 de basculer vers une séquence médiatique plus clémente. Où les images de porteurs de flamme émus traversant des communes en fête concurrenceront les polémiques. « C’est ce qui s’est passé à Londres en 2012, note un dirigeant du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop). Pendant un temps, les JO ont fait peur aux Anglais. L’état d’esprit de l’opinion avait commencé à changer avec le relais de la flamme, puis avait basculé à partir de la cérémonie d’ouverture. » En l’état, les retours du terrain sont « en complet décalage avec les débats publics », certifie cet autre cadre du Cojop. Dont le président, Tony Estanguet, continue d’afficher une confiance à toute épreuve.
Cette semaine, le triple champion olympique de canoë a reçu la presse dans des locaux déserts. « On a fermé une semaine pour obliger tout le monde à souffler, sinon personne ne prend de repos », s’amuse une salariée pour souligner l’implication des 2 500 employés, qui seront rejoints par 2 000 autres d’ici à la fin des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre). « Rien n’est gagné mais je suis là où je voulais être », a déclaré Estanguet, égrenant les bons points : infrastructures livrées, 7,8 millions de billets vendus, 45 000 volontaires recrutés, 1,2 milliard d’euros de revenussécurisés à 99 %… « Il y a sept ans, j’aurais rêvé d’être à ce stade à J-100, malgré les inquiétudes que j’entends », a-t-il poursuivi.
La sécurité autour du parcours de la flamme a été sensiblement renforcée
Elles ne manquent pas. La sécurité reste au sommet des préoccupations, encore davantage après l’attentat de Moscou et les menaces de l’État islamique sur la Ligue des champions de football. Entre 30 000 et 35 000 représentants des forces de l’ordre seront mobilisés chaque jour, jusqu’à 45 000 pour la cérémonie d’ouverture. Selon les jours, entre 17 000 et 22 000 agents de sécurité privés compléteront le dispositif humain. Reste que le risque zéro n’existe pas, comme l’a admis Gérald Darmanin.
La première cérémonie d’ouverture hors stade, sur la Seine et au Trocadéro, continue de mobiliser l’attention. Sa capacité d’accueil, déjà portée de 600 000 à 326 000 spectateurs, pourrait être de nouveau revue à la baisse. Un plan B qui n’en a pas le nom. Face aux menaces des activistes environnementaux des Soulèvements de la terre et d’Extinction Rebellion, la sécurité autour du parcours de la flamme a été sensiblement renforcée : plus de 200 agents des forces de l’ordre feront partie du convoi. Des itinéraires bis sont prévus pour l’ensemble des 450 communes traversées.
Ce n’est pas tout. Cette semaine, la CGT a rejoint FO et déposé un préavis de grève dans la fonction publique, couvrant la période des Jeux. Les hôteliers n’enregistrent pas autant de réservations qu’espéré, les triathlètes s’inquiètent de l’état de la Seine, les Parisiens se plaignent des travaux et du mauvais fonctionnement des transports en commun. Les rames de métro et de RER supplémentaires et les 3 000 vélos en libre-service ajoutés suffiront-ils à absorber le flux de 15 millions de visiteurs attendus pour ces premiers JO aux sites inaccessibles en voiture ? « Il ne faut pas avoir peur de marcher, c’est bon pour la santé », a osé la présidente d’Île-de-France Mobilités, Valérie Pécresse.
L’heure est aux tests des scénarios du pire. Trois quarts des exercices prévus sur les sites de compétition pour anticiper crises et incidents ont été réalisés. « Mais on ne peut rien pour éviter un bagage oublié dans un métro qui bouleverse l’arrivée des spectateurs », pointe une source au cœur de ces dispositifs. Désireux d’encourager leurs troupes mobilisées, qu’elles soient volontaires ou contraintes, des pompiers aux infirmiers en passant par les forces de l’ordre, les représentants de l’État prévoient d’évoquer « l’équipe des Français » dans leurs communications cette semaine, clin d’œil à l’équipe de France.
Et le sport dans tout ça ? Environ 60 % des athlètes ont leur qualification en poche. Selon les dernières projections, l’ambition de figurer dans le top 5 des nations les plus médaillées est toujours envisageable, grâce notamment à l’avantage psychologique et matériel conféré aux athlètes des pays organisateurs.