Le bénéfice mutuel de la coopération
Par *Saoud Al-AHBABI
Selon le Quai d’Orsay, le Qatar et la France entretiennent des relations depuis la déclaration d’indépendance du pays en 1971 et l’ouverture croisée de représentations diplomatiques dès l’année suivante. La relation bilatérale s’est développée au début des années 1990, dans le domaine de la sécurité et des hydrocarbures. Présent au Qatar depuis 1936, Total Energies (ex-Total) est devenu très tôt l’un des principaux partenaires de Qatar Energies (ex-Qatar Petroleum) pour l’extraction et la valorisation des ressources en hydrocarbures du pays.
La volonté qatarienne de diversifier l’économie du pays et de réduire sa dépendance à la rente gazière a permis d’élargir le spectre de nos coopérations à de nombreux secteurs tels que le domaine militaire et de la sécurité (lutte contre le terrorisme et la radicalisation), le secteur économique et des investissements (infrastructures avec le métro de Doha ; aéronautique) mais aussi les domaines de la culture (avec Qatar Museums), de l’éducation et de l’enseignement supérieur (campus HEC Paris à Doha). Enfin, la France et le Qatar souhaitent renforcer leur coopération sur le sport et les grands enjeux mondiaux (climat, santé mondiale, développement et humanitaire, villes intelligentes et durables).
La relation diplomatique est excellente et nourrie : les consultations entre les autorités, et au plus haut niveau, sont régulières. Le Dialogue stratégique, mis en place en 2019, permet un suivi opérationnel des principaux projets structurant la relation bilatérale. La première édition co-présidée par les ministres des Affaires étrangères s’est tenue à Doha le 28 mars 2022, suivie d’une seconde session à Doha le 8 juin 2023.
Depuis 2017, le président de la République s’est rendu à quatre reprises à Doha. Lors de sa première visite, le 7 décembre 2017, de nombreux accords ont été signés dans le domaine de l’économie, de l’éducation, de la défense et de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Le président de la République s’est à nouveau rendu à Doha le 3 décembre 2021, dans le cadre d’une tournée dans le Golfe, visite au cours de laquelle la question afghane avait été au cœur des discussions, deux opérations d’évacuation et d’acheminement d’aide humanitaire ayant été menées conjointement avec le Qatar. Il s’est déplacé à nouveau dans le cadre de la Coupe du monde de football 2022 : à l’occasion de la demi-finale et de la finale de l’équipe de France les 14 et 18 décembre 2022.
Le partenariat stratégique et ses différents volets
Pour la première visite d’Etat d’un émir qatari en France en quinze ans, le menu des discussions était chargé. Son Altesse L’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, qui avait accédé au trône en 2013, a été reçu fin février 2024 à l’Elysée par Emmanuel Macron pour un entretien, suivi de la signature d’accords et d’un dîner d’Etat. Au premier jour de cette visite, les deux dirigeants ont annoncé un accord portant sur des engagements d’investissements qataris à hauteur de 10 milliards d’euros dans l’économie française à l’horizon 2030.
Ces investissements concerneront « les jeunes entreprises innovantes et les fonds d’investissement en France ainsi que ceux étroitement liés à l’économie française, au bénéfice mutuel des deux pays », a précisé l’Elysée dans un communiqué.
Des secteurs plus innovants
Des secteurs clés seront ciblés tels que « la transition énergétique, les semi-conducteurs, l’aérospatial, l’intelligence artificielle, le numérique, la santé, l’hôtellerie et les industries culturelles et créatives ». Jusqu’à présent, l’émirat était surtout présent dans l’immobilier, la finance, le sport, ou encore le luxe.
Il devrait donc s’aventurer cette fois dans des secteurs plus innovants via son fonds souverain QIA. L’objectif est clair : accroître les flux d’investissements entre les deux pays. Sur la période 2022-2023, le commerce bilatéral entre la France et le Qatar a déjà atteint plus de 6,4 milliards d’euros, se félicite l’Elysée.
« Identifier les secteurs porteurs »
« Il y a une volonté politique forte dans les deux pays de renforcer notre relation économique mais ce n’est pas possible sans des engagements des entreprises », a souligné le ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, au début du forum. L’événement, qui réunissait les principaux acteurs de certains de ces secteurs-clés comme les transports, le tourisme et l’intelligence artificielle, a cependant permis d’enclencher des discussions.
Sécurité alimentaire
Dans les couloirs du forum, Pascale Sourisse, directrice générale de Thales international, explique ainsi avoir discuté avec les Qataris d’équipements dans les aéroports, de solutions de contrôle du trafic aérien, de protection contre les drones… Doha a montré un intérêt marqué pour ces solutions, assure le groupe d’électronique aérospatiale.
« Le forum est une occasion unique pour les entreprises des deux pays d’identifier les secteurs porteurs », se réjouit Natalie Demol, présidente de Qadran, le cercle économique franco-qatari qui co-organisait le forum. C’est dans cet objectif que l’association, créée en 2015, fait voyager chaque année des délégations dans des régions françaises et au Qatar.
La dernière édition à Nantes a par exemple permis des rapprochements entre des entreprises dans le secteur des drones ainsi que celui de la culture hors sol, auquel s’intéresse le Qatar, en quête de sécurité alimentaire. Il reste cependant du chemin à rattraper pour les entreprises françaises, reconnaît de son côté Philippe Gautier, directeur général de Medef International. « De notre point de vue, nous sommes moins avancés au Qatar qu’aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite ». Pourtant, le Qatar a l’avantage de ses inconvénients : « C’est un petit pays donc c’est facile d’identifier les principaux acteurs, qui sont plutôt francophones et francophiles, remarque Philippe Gautier. Et ils veulent limiter l’impact carbone de leur production de gaz, montrer qu’ils traitent bien les salariés… Ils vont dans la bonne direction. »
Natalie Demol fait de son côté valoir que dans la compétition actuelle qui se joue entre les pays du Golfe, « le Qatar a l’avantage d’être stable sur le plan politique et réglementaire et d’avoir une vision claire d’ici à 2030 ».
Avec cette visite d’Etat, le Medef international espère que les Français « passeront un nouveau cap » : « Nous pouvons répondre à leurs besoins dans la technologie, les infrastructures, l’hospitality, le haut de gamme… et eux peuvent trouver de la diversification avec des placements dans des fonds français », souligne Philippe Gautier.
La coopération fructueuse
Le premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, et la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, de l’époque, Madame Catherine Colonna, ont tenu le second dialogue stratégique Qatar-France le 8 juin 2023, à Doha au Qatar. Le Qatar et la France ont salué la tenue du second dialogue stratégique annuel et ont passé en revue les progrès significatifs réalisés depuis la tenue du premier dialogue stratégique en mars 2022. Les deux pays ont souligné la force de leur relation bilatérale et ont réaffirmé leur détermination à développer son plein potentiel, en approfondissant la coopération dans tous les domaines d’intérêt commun et en identifiant des projets conjoints concrets afin d’approfondir davantage leur coopération stratégique.
Les deux parties ont réaffirmé leur engagement conjoint à un ordre international fondé sur le droit, ainsi qu’à promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient, et à poursuivre une coopération étroite sur les crises régionales et internationales.
L’État du Qatar et la République française ont signé une déclaration d’intention relative à la coopération et à un partenariat dans le domaine du développement international.
Témoignage de leur solide partenariat, ce dialogue annuel a permis de passer en revue les relations bilatérales, les sujets régionaux et internationaux, le développement et l’aide humanitaire, la défense et la sécurité, le commerce, l’investissement, l’économie, l’éducation, la culture et la recherche scientifique, le changement climatique, l’énergie, l’environnement et les sports.
Coopération politique
Le Qatar et la France ont exprimé leur engagement à consolider leur partenariat stratégique à travers un dialogue continu et approfondi, fondé sur la confiance, sur toutes les problématiques clés permettant de répondre aux défis globaux. Les ministres ont souligné l’importance d’approfondir leur dialogue, leur diplomatie et leur coordination politique sur les crises touchant la sécurité régionale et internationale, et de promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité.
Le premier ministre Cheikh Al Thani, et la ministre, Madame Colonna ont discuté des récents développements au Soudan, au Liban, en Syrie, en Libye, en Iran, en Afghanistan et au Tchad, et ont exploré les moyens d’approfondir davantage leur coordination dans ces régions.
Concernant le processus de paix au Proche-Orient, ils ont réitéré leur engagement à parvenir à une solution à deux États sur la base de toutes les résolutions onusiennes pertinentes, fondée sur lignes de 1967 et avec Jérusalem comme capitale partagée par les deux États. Ils ont souligné l’urgence de mettre un terme à toutes les actions unilatérales, en particulier concernant l’expansion des colonies et l’importance de sauvegarder le statu quo historique sur tous les lieux saints à Jérusalem. Ils ont exprimé leur inquiétude face à la situation humanitaire, politique, économique et de sécurité dans la Bande de Gaza, et ont réaffirmé le rôle indispensable de l’UNRWA et la nécessité de le soutenir.
Les deux pays ont réaffirmé leur soutien à la souveraineté, à l’indépendance ainsi qu’à l’unité et à l’intégrité territoriales de l’Ukraine, et ont réaffirmé leur engagement envers les principes du droit international et de la Charte des Nations unies.
À l’approche du troisième Sommet de Bagdad, les deux ministres ont exprimé leur engagement conjoint de promouvoir la coopération et d’améliorer la sécurité et la stabilité régionales, y compris en soutenant la stabilité et la prospérité de l’Irak afin de promouvoir une reconstruction et un développement complets.
Coopération relative au développement et à l’humanitaire
Concernant la coopération relative à l’humanitaire et au développement, les deux pays ont affirmé leur intention de renforcer la coopération et la coordination en consolidant le dialogue entre leurs agences de mise en œuvre respectives, et sont convenus d’identifier des projets conjoints au profit de populations dans le besoin. Les deux gouvernements se réjouissent de signer un mémorandum d’entente entre le QFFD et le groupe AFD, fixant un cadre commun pour faciliter et renforcer la coopération.
Coopération relative à la défense et à la sécurité
L’État du Qatar et la France ont signé, en marge de la visite de Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, l’Émir du pays, en République française, un certain nombre d’accords visant à renforcer la coopération en matière de sécurité entre les deux parties.
Dans ce cadre, les deux pays ont signé un accord administratif de coopération en matière de sûreté dans le cadre de la sécurisation des Jeux olympiques d’été (Paris 2024), qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024.
L’accord a été signé par Son Excellence Cheikh Khalifa bin Hamad bin Khalifa Al Thani, ministre de l’Intérieur et Commandant de la Force de sécurité intérieure (Lekhwiya), et Son Excellence Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer.
En vertu de cet accord, les Forces de sécurité du Qatar apporteront leur contribution à la couverture sécuritaire des Jeux olympiques de Paris grâce à la participation d’officiers aux patrouilles à pied, aux activités du Centre national des opérations, aux opérations de cavalerie, à l’utilisation de drones, à la neutralisation des explosifs et munitions, au soutien d’analystes en cybersécurité, à la détection d’explosifs par des chiens, à la lutte contre le terrorisme et à la maîtrise des émeutes.
Les Forces de sécurité du Qatar seront également concernées par la gestion de la sécurité civile lors d’événements sportifs internationaux, en assurant le contrôle des véhicules, les premiers secours et les opérations de recherche et de sauvetage.
À cet égard, une équipe qatarie s’est rendue à Paris pour se familiariser avec les dispositions logistiques, les lieux, les affectations et autres dispositions.
Cheikh Khalifa bin Hamad bin Khalifa Al Thani, ministre de l’Intérieur et Commandant de la Force de sécurité intérieure (Lekhwiya), et monsieur Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, ont signé un plan d’action entre les deux pays amis sur la coopération bilatérale au cours de la période 2024-2027.
Par ailleurs, une lettre d’intention a été signée entre la Force de sécurité intérieure (Lekhwiya) et la Gendarmerie nationale française pour renforcer la coopération en matière de sécurité. La lettre a été signée, du côté qatari, par le Colonel Nawaf Majid Al Ali, Commandant adjoint de la Force de sécurité intérieure (Lekhwiya) pour les opérations de sécurité et la formation, et, du côté français, par le Général Christian Rodriguez, Directeur général de la Gendarmerie nationale.
Cheikh Khalifa bin Hamad bin Khalifa Al Thani et Mr Gérald Darmanin ont eu un entretien au cours duquel ils ont passé en revue les relations de coopération entre les deux pays dans le domaine de la sécurité et les moyens de les soutenir et de les développer, tout en discutant d’un certain nombre de sujets d’intérêt commun.
Le Qatar et la France ont réaffirmé l’importance de leur coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité, en tant que pierre angulaire de leur partenariat. Ce point a été illustré par l’augmentation des visites officielles au cours de cette dernière année, et par le renforcement de la coordination au niveau opérationnel. Ils ont aussi exploré les manières de renforcer les liens existants et d’étendre leurs activités relatives à des intérêts stratégiques communs.
Les deux parties ont salué le partenariat solide et durable entre leurs forces de sécurité respectives. Le premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Al Thani, a remercié la France pour son partenariat de sécurité et sa contribution à la préparation et à la tenue de la Coupe du Monde de la FIFA 2022. Ils ont souligné leur intérêt à renforcer cette coopération, ainsi qu’à identifier de nouveaux domaines de coopération dans des champs d’intérêts communs.
Les deux gouvernements sont convenus de continuer leur solide partenariat dans la cybersécurité, et la lutte contre le terrorisme, la lutte contre l’extrémisme violent et les flux financiers illicites, et la lutte contre les menaces transnationales.
Le Qatar et la France ont réaffirmé l’importance de leur coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité, en tant que pierre angulaire de leur partenariat. Ce point a été illustré par l’augmentation des visites officielles au cours de cette dernière année, et par le renforcement de la coordination au niveau opérationnel. Ils ont aussi exploré les manières de renforcer les liens existants et d’étendre leurs activités relatives à des intérêts stratégiques communs. Les deux parties ont salué le partenariat solide et durable entre leurs forces de sécurité respectives. Le premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Al Thani, a remercié la France pour son partenariat de sécurité et sa contribution à la préparation et à la tenue de la Coupe du Monde de la FIFA 2022. Ils ont souligné leur intérêt à renforcer cette coopération, ainsi qu’à identifier de nouveaux domaines de coopération dans des champs d’intérêts communs.
Les deux gouvernements sont convenus de continuer leur solide partenariat dans la cybersécurité, et la lutte contre le terrorisme, la lutte contre l’extrémisme violent et les flux financiers illicites, et la lutte contre les menaces transnationales.
Coopération relative à l’économie, au commerce et à l’investissement
Le Qatar et la France ont souligné l’importance de leur partenariat croissant en matière d’économie, de commerce et d’investissements, avec un commerce bilatéral de plus de 4,2 milliards d’euros l’année passée. Les deux gouvernements ont mis en exergue l’augmentation marquée du commerce bilatéral, qui a cru de 165% entre 2021 et 2022, contribuant au soutien de l’emploi, à l’innovation et au développement économique dans les deux pays.
Les deux parties ont discuté des moyens de développer davantage leur partenariat en matière de commerce et d’investissement, à travers une feuille de route ciblant des domaines stratégiques en conformité avec le cadre des objectifs de diversification économique mentionnés par la Vision nationale 2030 du Qatar et en accord avec le plan économique « France 2030 », et ont souligné leur volonté de continuer à améliorer et à renforcer la coopération entre les secteurs privés français et qatarien. Ils ont également étudié les domaines d’intérêts communs tels que la politique fiscale, le soutien financier au développement, la finance verte, le financement de l’Agence de crédit export (ECA), la sécurité alimentaire et l’économie circulaire. Les ministres des deux pays ont exprimé leur souhait d’étendre leur coopération à de nouveaux domaines tels que l’innovation et la transition vers les énergies renouvelables et propres.
Coopération relative à l’éducation, à l’enseignement supérieur, à la culture, à la santé et aux sports
Le Qatar et la France ont passé en revue leur coopération solide dans les champs de la culture, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la santé. Ils ont souligné leur intention d’accroître davantage les activités dans ces domaines. Ils ont exprimé leur intention mutuelle de renforcer leur coopération en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, en promouvant les échanges académiques d’étudiants, ainsi qu’en explorant davantage les formations et programmes conjoints permettant aux étudiants d’atteindre leurs objectifs personnels et professionnels.
Ils ont également souligné leur partenariat croissant dans le domaine de l’enseignement supérieur, en particulier à l’aune de la signature d’un accord de coopération entre Sciences Po et le Doha Institute. Les deux parties ont salué les efforts conjoints visant à accroître l’apprentissage de la langue française dans les écoles au Qatar.
Les liens culturels unissant le Qatar et la France ont également été mentionnés comme de potentiels champs de coopération améliorée. Ils ont mis en exergue l’importance de consolider la coordination entre leurs institutions respectives à cet égard.
Le Qatar et la France ont aussi exprimé leur souhait de renforcer le partage d’expertise entre les communautés médicales des deux pays, y compris via le renouvellement de l’accord intergouvernemental sur la formation de médecins qatariens spécialisés en France.
La ministre de l’Époque, Madame Colonna, a félicité l’État du Qatar pour l’organisation réussie de la Coupe du Monde de la FIFA 2022, la première à se tenir dans le monde arabe. Alors que la France s’apprête à accueillir la Coupe du Monde de Rugby 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques d’été 2024 à Paris, les deux parties ont exprimé leur engagement envers le partage d’expertise. Ils sont convenus de poursuivre leur dialogue sur la dimension transformative et l’héritage des évènements sportifs majeurs.
Un partenariat vers un futur commun responsable
L’État du Qatar et la France soulignent l’importance de leur partenariat continu bénéficiant aux intérêts des deux pays et consolidant leur coordination vers un futur commun responsable.
Le Qatar et la France attendent avec intérêt d’évaluer les progrès dans ces domaines à l’occasion du troisième dialogue stratégique prévu à Paris, en 2024.
L’auteur Arafat Ali Jarghoun considère, dans son ouvrage arabe[1], que le partenariat entre la France et l’État du Qatar est stratégique et durable pour les raisons de l’ancienneté ainsi que la base solide de confiance mutuelle sur laquelle ce partenariat a été construit depuis l’indépendance du Qatar en 1971. Il pense que les relations franco-qataries qui ont contribué à la construction de ce partenariat sont efficaces et confinables pour un développement potentiel a l’avenir vers d’autres perspectives économique, politique et diplomatique, militaire ainsi que culturelle et sociale.
Le journal qatari Al-Watan a décrit le partenariat franco-qatari comme modèle international à suivre par les autres pays. Cet article a été publié le 29 février 2024 sous le titre « Le partenariat qatari-français est un modèle mondial »[2]. Le Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, et Gabriel Attal, Premier ministre de la République française amie, ont ouvert les travaux des relations qataris-françaises. Forum économique, qui s’est tenu en marge de la visite de Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, émir du pays, en République française les 27 et 28 février 2024.
Le Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères a déclaré lors de son discours d’ouverture du forum : « Notre réunion d’aujourd’hui revêt une grande importance car elle constitue une opportunité charnière pour renforcer les relations économiques et d’investissement entre l’État du Qatar et la République française. Nous exprimons notre gratitude aux représentants du secteur privé et aux hommes d’affaires des deux parties pour leur présence parmi nous aujourd’hui. Nous sommes également impatients d’établir davantage de partenariats d’investissement qui bénéficieraient aux deux parties. Il a ajouté : « Le partenariat stratégique qatari-français représente un modèle mondial sur la carte des alliances bilatérales et régionales, car ce partenariat a été établi grâce aux liens étroits entre nos deux pays et peuples amis, et à notre vision unifiée dans tous les secteurs. À cet égard, je ne peux manquer de saluer les précieux efforts des entreprises françaises opérant dans l’État du Qatar, qui ont contribué à soutenir les plans de diversification économique du pays en ligne avec les principaux secteurs identifiés dans le cadre de la Vision Nationale du Qatar 2030. »
Le Premier Ministre a souligné l’importance d’intensifier les efforts conjoints afin de réaliser le plein potentiel du partenariat entre les deux pays, à la lumière des défis et des transformations économiques auxquels le monde est témoin, malgré la croissance remarquable du volume des échanges le commerce intra-africain entre les deux pays, qui a augmenté de 158% au cours des cinq dernières années, passant de 1,7 milliard de dollars américains en 2018 à plus de 4,5 milliards de dollars américains en 2022, indiquant son aspiration à apporter une plus grande contribution au niveau des relations commerciales bilatérales entre les deux pays.
Il a expliqué que les réalisations obtenues par l’État du Qatar dans le cadre de la deuxième stratégie nationale de développement ont vu des développements majeurs en termes d’infrastructures du pays, qui s’étendent jusqu’à inclure le nouveau réseau de métro et de tramway, l’aéroport international et le port de Hamad ainsi que la création de zones logistiques industrielles à grande échelle.
Il a déclaré : « Le Qatar étant l’un des plus grands exportateurs de gaz naturel, nous avons travaillé pour développer un réseau énergétique qui se distingue non seulement par son efficacité et sa fiabilité, mais est également considéré comme l’un des réseaux les plus compétitifs au niveau mondial. En regardant nos perspectives, nous constatons que la troisième stratégie nationale de développement de l’État du Qatar 2024-2030 vise à se concentrer sur des secteurs prioritaires tels que la fabrication de métaux à faibles émissions de carbone et à intégrer des sources d’énergie renouvelables pour aligner la consommation industrielle et manufacturière avec considérations environnementales. Dans le même ordre d’idées, l’État du Qatar s’est engagé à renforcer les capacités de son secteur des services et des équipements pour les champs pétroliers, à travers des initiatives ciblées qui consistent notamment à se concentrer sur les activités spécialisées dans les industries chimiques et à établir un centre industriel avancé pour le secteur pétrolier et l’industrie du gaz.
Il a ajouté : À son tour, notre stratégie nationale repose essentiellement sur l’élément d’innovation et vise à fournir un avantage concurrentiel dans le paysage dynamique observé par la fabrication de produits finaux, renforçant ainsi la position de l’État du Qatar en tant qu’État. Entité technologiquement avancée dans le domaine de l’industrie, et nous visons à atteindre ces buts et objectifs à travers des réformes politiques. Les investissements nécessaires et alloués d’une valeur de plus de 100 milliards de dollars d’ici 2030, et à leur tour, les principaux secteurs identifiés dans la troisième stratégie nationale de développement du pays offrent des opportunités prometteuses de partenariat et d’investissement bilatéral entre nos pays, car elles incluent les secteurs de la fabrication, de la logistique, des technologies de l’information, du numérique, de l’alimentation, de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et d’autres domaines.
Son Excellence a exprimé l’espoir que les séances de discussion du forum seront témoins de résultats finaux et d’informations précieuses et découvriront des moyens de renforcer le partenariat stratégique entre l’État du Qatar et la République française et de le pousser vers des horizons plus larges, soulignant que l’État du Qatar et sa stabilité économique et les facilités qu’il offre dans les procédures d’implantation d’entreprises dans le pays. Il continuera à renforcer la position du pays en tant que destination attractive pour les entreprises et les investisseurs étrangers.
Selon le site Qatar Tribune, dans son article publié le 31 mai 2022[3], les relations entre le Qatar et la République française reposent sur des bases solides de respect mutuel, d’intérêts communs et de coopération dans divers domaines afin d’assurer un avenir meilleur aux générations actuelles et futures. Les deux pays amis sont liés par un certain nombre d’accords et de protocoles d’accord dans les domaines économique, politique, culturel, scientifique, universitaire et technique, ainsi que dans le domaine militaire.
La rencontre entre Son Altesse l’Émir de l’État du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani et le Président de la République française Emmanuel Macron, qui s’est tenue le 27 février 2024 à Paris, vise à renforcer les relations d’amitié et la coopération entre les deux pays et à trouver des moyens de les soutenir et de les développer dans divers domaines. L’émir et le président français ont discuté des principaux développements régionaux et internationaux d’intérêt commun et ont échangé leurs points de vue à ce sujet. Les entretiens de S.A. l’émir avec le président français inaugurent une nouvelle phase des relations de coopération et de coordination entre les deux pays, la visite de S.A. l’émir dans la capitale française étant la première après la victoire de Macron pour un second mandat présidentiel. La visite de l’émir revêt également une grande importance car elle coïncide avec les développements internationaux successifs à plus d’un niveau et les fluctuations des marchés de l’énergie, des matières premières et des denrées alimentaires, une question qui nécessite une communication et une consultation au plus haut niveau entre les deux pays amis afin de renforcer les relations et de les faire progresser vers des horizons plus larges pour le bien et l’intérêt des deux pays et des deux peuples amis. Les relations entre les deux pays remontent à 1971. L’année 2023, les deux parties ont célébré le 50e anniversaire de l’établissement des relations, lorsque la première ambassade du Qatar a été ouverte à Paris en 1971.
Ces dernières années, les relations entre les deux pays ont connu une forte impulsion, notamment depuis la visite de S.A.S. l’Émir en France en septembre 2017, en plus de la croissance continue des relations depuis le début des années 1990 dans divers domaines. Les relations entre les deux pays ont été renforcées et élargies ces dernières années grâce aux réunions successives des dirigeants des deux pays et aux visites mutuelles des hauts fonctionnaires ainsi que des délégations politiques, économiques, commerciales et d’investissement entre Doha et Paris.
Cela reflète les visions communes, les intérêts et la convergence de vues entre les deux pays sur les questions régionales et internationales, ainsi que leur forte coopération stratégique dans les domaines de l’économie, de l’investissement, de la défense et de la lutte contre le terrorisme.
Dans le cadre des consultations permanentes entre les dirigeants des deux pays, M. Macron s’est rendu à Doha en décembre 2023, où il a été reçu par Son Altesse l’Émir. Ils ont discuté des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines, notamment l’économie, l’investissement, la défense, la sécurité, l’éducation et le développement, d’une manière qui réponde aux intérêts mutuels des deux pays amis.
Au cours de la visite, les deux parties ont signé un protocole d’accord dans le domaine de l’économie et de la finance, ainsi qu’une lettre d’intention sur la coopération culturelle. En outre, un communiqué conjoint a été publié concernant les plus belles positions des deux pays à l’égard de la coopération bilatérale dans divers secteurs et les questions internationales actuelles d’intérêt commun. Le communiqué réitère les remerciements du président français à S.A. l’émir pour l’aide considérable apportée par le Qatar dans l’évacuation des ressortissants français et de leurs familles d’Afghanistan et dans la protection des Afghans en danger. Le président français a également salué l’étroite coopération entre les deux pays pour acheminer 40 tonnes d’aide d’urgence à Kaboul, la capitale afghane, à bord d’un vol qatari.
L’émir et le président français souhaitent continuer à renforcer la coopération entre les deux pays dans le domaine économique, d’autant plus que de nombreuses entreprises qataries et françaises ont des partenariats à long terme dans des secteurs clés. En outre, les deux parties ont convenu de renforcer leur coopération institutionnelle dans le secteur agricole et de trouver de nouveaux moyens de financer des projets, tels que les partenariats public-privé.
Les dirigeants des deux pays ont exprimé leur souhait d’étendre cette coopération à de nouveaux domaines tels que l’innovation et la transition vers les énergies renouvelables et propres, notamment dans le cadre des objectifs de diversification économique énoncés dans la Vision nationale 2030 du Qatar, et en coopération avec le plan économique « France 2030 » qui repose sur la technologie, les soins de santé et le climat en s’orientant vers l’utilisation de voitures électriques respectueuses de l’environnement et d’autres secteurs dotés de technologies innovantes. Les deux parties ont pratiqué du sport un domaine de coopération majeur et sont convenues d’explorer de nouveaux partenariats dans ce domaine, d’autant plus que les deux pays accueilleront deux événements sportifs majeurs, la Coupe du monde de la FIFA 2022 au Qatar et les Jeux olympiques 2024 à Paris.
Pour concrétiser la volonté politique des dirigeants des deux pays d’améliorer et de développer ces relations à un niveau qui serve les intérêts des deux peuples amis, le premier cycle du dialogue stratégique entre les deux pays s’est tenu à Doha en mars. Au cours de ce cycle, les deux parties ont discuté d’un certain nombre de questions politiques et économiques et de l’évolution de la situation sur la scène internationale, ainsi que de questions d’intérêt commun, notamment la réconciliation tchadienne, l’évolution de la situation politique au Liban et en Afghanistan, la cause palestinienne, l’évolution de la situation en Libye et le dossier nucléaire iranien, ainsi que la nécessité d’une solution diplomatique à la crise en Ukraine et le respect du droit international et du droit humanitaire international au cours de cette crise. La France est l’un des principaux partenaires stratégiques du Qatar, puisque le nombre d’entreprises françaises opérant dans le pays s’élève à 418, dont 120 sociétés détenues à 100 % par la partie française, 290 sociétés établies en partenariat avec la partie qatarie, 8 sociétés agréées par le Centre financier du Qatar (CFQ) et trois bureaux de représentation de la République française.
Selon l’Autorité de la planification et des statistiques (PSA), le commerce intra-régional entre le Qatar et la France s’est élevé à plus de 6,3 milliards de en 2021, dont 2,85 milliards de d’importations axées sur les besoins aéronautiques, le textile, l’habillement et les produits agricoles, tandis que les exportations du Qatar se sont élevées à près de 3,5 milliards de, la plupart d’entre elles dans le domaine du gaz et des produits énergétiques. Les entreprises françaises continuent de participer à la renaissance du Qatar et à la réalisation de la Vision nationale du Qatar 2030, leur travail se concentrant sur des projets liés à l’infrastructure des installations et des stades de la Coupe du monde de la FIFA, Qatar 2022. Il existe également des projets à long terme entre QatarEnergy et la société française TOTAL, ainsi que de nombreux autres projets, tels que le dessalement. La France est l’une des destinations préférées des investisseurs qataris à l’étranger. Ces investissements sont estimés à environ 30 milliards de dollars, dont 10 milliards d’investissements privés, et couvrent les secteurs de l’énergie, de l’immobilier, des médias, de l’hôtellerie, des services financiers, des transports, des communications et du sport.
Le site KNDS a publié son article le 13 mars 2018[4], lié à la signature d’une lettre d’intention le 7 décembre 2017 entre Nexter et le ministère de la Défense qatari (via Barzan Holdings, société détenue à 100% par le ministère de la Défense du Qatar) pour un partenariat autour de l’acquisition de VBCI pour les forces qataries (programme Al Rayyan), une Joint-Venture a été établie au Qatar et constituera la base industrielle locale pour la livraison et la maintenance de véhicules complets pour le programme Al Rayyan.
Ce premier MOU représente une étape majeure dans le partenariat stratégique entre le Qatar et la France : il permettra la coopération entre Nexter, leader français de la défense terrestre, et Barzan, acteur industriel stratégique qatari. Ensemble, ils travailleront à la finalisation du programme VBCI qatari. D’autres projets communs sont à l’étude pour proposer des solutions complémentaires aux forces qataries.
Nexter propose une solution 100% française offrant la dernière évolution du véhicule blindé de combat d’infanterie français (VBCI MkII) éprouvé au combat pour renforcer les forces armées du Qatar. La proposition française contribue au développement de la base industrielle et technologique de défense Qatar Emiri, conformément à la vision 2030 du Qatar : une chaîne d’assemblage final, la maintenance et le soutien, ainsi que la production d’une large gamme de munitions seront localisés, au bénéfice de la souveraineté du Qatar. Nexter présente également sa gamme innovante de munitions de moyen calibre, d’artillerie et de chars de combat, utilisables par le char Léopard 2 et le PZH 2000.
Le site TacticalReport.com[5] a publié son article le 20 février 2023, lié au développement de la coopération de la défense entre la France et l’État du Qatar. L’émir du Qatar le Cheikh Tamim a rencontré le président français Emmanuel Macron le mercredi 15 février 2023 lors d’une visite officielle à Paris. Les deux dirigeants auraient discuté du renforcement du partenariat de défense entre les deux pays, en particulier dans le domaine de la défense aérienne. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu devrait se rendre à Doha ultérieurement pour suivre plusieurs dossiers militaires communs. Tactical Report a préparé un rapport de 237 mots pour faire la lumière sur la coopération franco-qatarienne en matière de défense.
L’Agence Reuters a confirmé, par une publication du 26 juillet 2023[6], la volonté de la France ainsi que celle du Qatar pour développer le partenariat franco-qatari de la défense en se mettant d’accord pour la vente de Rafale à l’État du Qatar.
La France et le Qatar ont la volonté commune de développer un partenariat de défense qui s’appuie sur la coopération existante avec les avions de combat Rafale, a déclaré une source du ministère français de la Défense, quelques jours après la visite du ministre à Doha pour consolider les liens militaires. Le Qatar n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire. La source n’a pas voulu confirmer une information du quotidien économique La Tribune selon laquelle Doha souhaitait acheter 24 avions Dassault supplémentaires et éventuellement moderniser sa flotte existante en l’équipant des dernières technologies. La Tribune n’a pas identifié ses sources.
Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, s’est entretenu avec l’émir Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani au Qatar. La source française a déclaré que le sentiment était que Doha était satisfait de son achat de Rafale et que l’impression était qu’il y avait une volonté d’aller plus loin dans le partenariat. Cela pourrait signifier l’achat de nouveaux avions et la modernisation de la flotte existante, a déclaré la source. Les deux pays ont conclu un premier contrat de 7 milliards de dollars (6,34 milliards d’euros) pour 24 Rafale en 2015, avant que le Qatar n’en commande 12 autres en 2017.
Dans un communiqué, le ministère français de la Défense a déclaré que les discussions au Qatar avaient « porté sur le renforcement du partenariat stratégique franco-qatari, fondé sur la coopération diplomatique, opérationnelle et industrielle ». L’Inde a approuvé l’achat de 26 Rafale, le dernier d’une série de contrats pour Dassault, qui a reçu il y a 18 mois une commande de 80 appareils de la part des Émirats arabes unis.
La CCI France Qatar/Maison de la France a confirmé, dans son article publié le 29 février 2024[7], qu’à l’invitation de S.E. le Président de la République française, Emmanuel Macron, S.A.S. l’Émir de l’État du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani a effectué une visite d’État en France les 27 et 28 février 2024. L’Émir du Qatar et le Président de la République française ont salué la profondeur et l’ampleur du partenariat stratégique entre leurs deux pays, une alliance ancrée dans une relation de confiance et une coopération bilatérale de longue date. Ils se sont félicités de la tenue prochaine à Paris du troisième dialogue stratégique France-Qatar.
Le site Team-France-Export.fr considère, dans son article du 24 mars 2023[8], que l’année 2022 a été remarquable pour le partenariat stratégique franco-qatari. L’année 2022 s’est avérée exceptionnelle pour le Qatar et les relations franco-qatariennes. En effet, le pays a brillamment accueilli la Coupe du Monde de la FIFA™, marquant ainsi une première pour un pays du Moyen-Orient et du monde arabe. Ce tournoi a été particulièrement remarquable de par sa singularité, se déroulant principalement à Doha et ses environs, attirant des supporters du monde entier et rassemblant des millions de téléspectateurs, offrant ainsi une vitrine pour le Qatar et ses diverses facettes, de son histoire à ses ambitions. Parallèlement, 2022 a également été marquée par le cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Qatar, célébré à travers des échanges de haut niveau, des événements culturels appréciés et le développement de nouvelles collaborations d’intérêt commun, qui se sont poursuivies en 2023. Illustrant la vigueur des échanges commerciaux actuels, le nombre d’entreprises françaises et de franchises implantées au Qatar dépasse désormais respectivement les 120 et 90, avec une tendance à la hausse. Parallèlement, la France, leader européen en termes d’attractivité pour les investissements créateurs d’emplois depuis 2019, poursuit son ambitieux plan d’investissement d’avenir « France 2030 », offrant des opportunités dans des secteurs tels que la transition énergétique, la technologie, la santé et l’agroalimentaire, des domaines susceptibles d’intéresser nos partenaires qatariens.
Coopération militaire
Ralph Johnson considère que la relation particulière entre la France et le Qatar remonte aux années 1970 et constitue l’une des relations les plus anciennes, les plus larges et les plus fiables entre Paris et les pays du Moyen-Orient. L’article de Ralph Johnson dans « Eurasia Review », traduit par Al-Khaleej Al-Jadeed (Nouveau Golfe), affirme que l’ouverture du Qatar et ses traditions favorables aux affaires ont renforcé ses liens avec de nombreux pays occidentaux, en particulier la France. La deuxième cible des investissements qatariens en Europe, après la Grande-Bretagne. Le Qatar entretient des relations chaleureuses avec les pays occidentaux dans le monde, mais il reste fondamentalement indépendant, ce qu’il partage avec la France. L’article souligne que le Qatar a une tendance indépendante et que la France est l’un des rares pays développés à ne pas s’aligner systématiquement sur ses alliés en général, ou sur les États-Unis en particulier. En 2003, l’invasion américaine de l’Irak a conduit tous les alliés occidentaux à s’aligner derrière la superpuissance américaine, mais la France a choisi de ne pas se joindre au conflit, une démonstration d’indépendance remarquée par le monde arabe[9].
Malgré tout ce qui précède, le secteur militaire reste probablement l’aspect le plus vital de cette relation en constante évolution, comme l’ont démontré les récents exercices navals conjoints de la marine qatarie avec son homologue française en février 2023, sous la supervision personnelle du ministre de la Défense Khalid. ben Mohammed Al-Attiyah.
La coopération dans les domaines de la sécurité et de la défense représente l’un des piliers des relations bilatérales entre le Qatar et la France, puisque le Qatar a acheté plusieurs avions Rafale français et que les deux parties organisent également des entraînements et des manœuvres militaires réguliers. L’article note que les forces navales font actuellement l’objet de renforts importants, notamment avec l’arrivée de plusieurs navires de guerre construits par Fincantieri, comme les corvettes de classe Zubarah. L’armée de l’air qatarienne est composée majoritairement d’avions français (Mirage 2000, progressivement remplacés par des chasseurs Rafale), avec un petit nombre de matériels britanniques et américains.
Le Qatar fait partie des plus gros importateurs de chasseurs Rafale, avec 36 appareils commandés, et de nouveaux hélicoptères français sont également en cours de livraison, après une commande de 28 unités. Le rapport ajoute que la confiance entre les deux pays a atteint des niveaux suffisants pour que le Qatar puisse se doter des capacités nécessaires pour gérer ses programmes de défense avec l’aide de la France. Le Qatar devrait se doter de programmes numériques comme le programme « VPCI », qui est un programme pour véhicules de combat d’infanterie fourni par la société française Nexter, l’un des principaux fournisseurs du Qatar. Le rapport indique que les relations entre le Qatar et la France, comme toute autre relation à long terme, ont connu des fluctuations répétées. Mais à chaque fois, les responsables des deux pays ont eu les prouesses politiques et diplomatiques nécessaires pour s’y retrouver avec brio. À chaque fois, un moyen a été trouvé pour préserver les intérêts mutuels et une relation florissante qui restera fructueuse à l’avenir pour les deux parties.
La coopération de sécurité et de défense entre la France et le Qatar est un pilier de nos relations bilatérales. La signature le 4 mai 2015 d’un contrat pour l’achat de 24 avions de combat Rafale, puis l’activation de l’option pour 12 avions de combat Rafale supplémentaires en décembre 2017, ont confirmé l’étroitesse des relations entre Paris et Doha. La signature d’un accord intergouvernemental le 15 mars 2021 établissant un partenariat de sécurité pour la Coupe du monde de football 2022, témoigne de l’engagement de la France à soutenir les forces de sécurité qataries dans la préparation et le déroulement de cet événement planétaire. Des avancées significatives ont été observées en 2019 avec la signature d’un accord régissant le statut des forces de sécurité.
Des exercices et entraînements militaires bilatéraux sont organisés régulièrement dans l’émirat. La coopération entre la France et le Qatar en matière de lutte contre le terrorisme et son financement a été approfondie avec la signature d’une déclaration d’intention et d’une feuille de route communes le 7 décembre 2017, lors de la visite du président français à Doha. Le Qatar a également participé aux deux conférences « No Money for Terror » de lutte contre le terrorisme et son financement, organisées à Paris en 2018 et 2019[10].
Son Excellence l’Ambassadeur du Qatar en France[11] pense que les relations existantes entre l’État du Qatar et la République française sont considérées comme des partenariats stratégiques solides et bien établis, car Son Altesse l’Émir du pays, « que Dieu le protège », les décrit comme « de stratégique et vise à maintenir le rythme de la coopération entre nos deux pays à tous les niveaux. » Les responsables de l’État du Qatar affirment que ce qui nous unit à la France, c’est une excellente entente mutuelle dont nous sommes fiers. Dans ce contexte, les deux pays coopèrent étroitement dans les domaines de la politique étrangère, du commerce et de l’économie, de la culture, des sports, de la sécurité, des affaires militaires et de l’environnement.
Il a ajouté que ce niveau avancé de relations conjointes entre les deux pays a été atteint grâce à notre conviction en l’importance de construire des relations équilibrées et solides avec des amis en France à caractère stratégique, et à l’acuité des deux parties au plus haut niveau. à travailler dur pour adopter une politique constructive visant à servir les intérêts des deux peuples et à promouvoir la paix internationale Face aux défis de toutes sortes. Il convient de noter que la première visite de Son Altesse, l’émir du pays, en dehors du Moyen-Orient, après que Son Altesse est devenue le prince héritier, est allé en France, et la même chose après qu’il est devenu l’émir du pays. Bref, on peut dire qu’il y a une excellente entente entre les deux pays, et que l’État du Qatar en est très fier. Il est mentionné à cet égard que Son Altesse (que Dieu le protège) a récemment confirmé dans une interview à la presse française qu’il est en contact permanent avec Son Excellence le président français Emmanuel Macron, et qu’il l’a rencontré plus d’une fois, et qu’ils parlent au téléphone, et ils partagent de nombreux points de vue sur la politique étrangère, et ils cherchent à coopérer étroitement afin de promouvoir la paix, jouer un rôle dans la stabilisation régionale et mondiale. .
Selon l’ambassadeur de France au Qatar[12], le partenariat militaire et de la défense inclut :
- Rappel de l’appui politique français au Qatar lors du conflit avec le Bahreïn en 1986 à propos du contrôle de l’îlot de Fasht Dibal ;
- Participation de l’armée de l’air française à la défense aérienne du Qatar lors de la guerre du Golfe (1990-1991) ;
- Signature de l’accord de coopération de défense (1994) pour pérenniser, après notre engagement lors de la guerre du Golfe, le soutien de la France au Qatar en cas d’agression extérieure ;
- Rappel de l’appui politique français à l’émir Cheikh Hamad en 1995 lors de son accession au pouvoir
- Participation des forces qatariennes à l’intervention militaire en Libye en 2011, aux côtés des forces françaises
- On peut rappeler :
- Accord de coopération de défense signé en 1994 (et complété en 1998),
- Accord sur le statut des forces (SOFA) signé en 2019,
- Accord sur l’échange de documents classifiés de défense, signé en 2019
- La relation de défense entre le Qatar et la France est suffisamment solide pour ne pas être mise en danger par les autres partenariats que le Qatar juge utiles à sa défense. Par ailleurs, les armées françaises ne revendiquent pas une relation exclusive avec les forces armées du Qatar.
- Les autorités françaises ont constamment cherché à maintenir un équilibre dans leurs relations avec les différents États impliqués dans cette crise. Les autorités qatariennes étaient parfaitement informées de notre position et la confiance mutuelle n’a pas été rompue. C’est une des raisons du choix d’acquérir, auprès de la France, un lot de 12 avions de combat Rafale fin 2017.
Le ralentissement de la coopération militaire est surtout dû à l’importante sollicitation des forces françaises sur les zones d’opérations (Sahel, Irak, Estonie). De nouveaux modes de coopération ont été lancés dans cette période : échanges stratégiques, appui à la sécurisation de la Coupe du monde.
Relations politiques et diplomatiques,
Le site officiel du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères a publié le 29 janvier 2023, un article décrivant les relations politiques franco-qataries[13]. Le Qatar et la France entretiennent des relations depuis la déclaration d’indépendance du Qatar en 1971 et l’ouverture mutuelle des relations diplomatiques l’année suivante.
La relation bilatérale a commencé à se développer au début des années 1990 dans le domaine de la sécurité et des hydrocarbures. TotalEnergies (anciennement Total) est implanté au Qatar depuis 1936 et est très vite devenu l’un des principaux partenaires de QatarEnergies (anciennement Qatar Petroleum) dans l’extraction et le développement des ressources en hydrocarbures du pays.
La volonté du Qatar de diversifier l’économie du pays et de réduire sa dépendance aux revenus du gaz a permis d’élargir le champ de notre coopération aux domaines militaire et sécuritaire (lutte contre le terrorisme et la radicalisation), économique et de l’investissement (infrastructures avec le métro de Doha, aviation) mais aussi à la culture (avec les musées du Qatar), à l’éducation et à l’enseignement supérieur (campus d’HEC Paris à Doha). La France et le Qatar souhaitent également renforcer leur coopération dans le domaine du sport et sur les grands enjeux mondiaux tels que le climat, la santé mondiale et les villes intelligentes et durables.
Les consultations entre les autorités, y compris au plus haut niveau, sont régulières. Le Dialogue stratégique, mis en place en 2019, permet un suivi opérationnel des grands chantiers qui structurent la relation bilatérale. Le premier cycle, coprésidé par les ministres des Affaires étrangères, s’est tenu à Doha le 28 mars 2022.
Depuis 2017, le président de la République française s’est rendu à deux reprises à Doha. Lors de sa première visite, le 7 décembre 2017, plusieurs accords ont été signés dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de la défense et de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Le Président de la République s’est à nouveau rendu à Doha le 3 décembre 2021, dans le cadre d’une visite dans le Golfe, au cours de laquelle la question de l’Afghanistan a été au cœur des discussions. Deux opérations d’évacuation et d’assistance humanitaire ont été menées conjointement avec le Qatar.
L’établissement de relations diplomatiques entre la France et le Qatar ne semble pas avoir d’autre cause que le processus naturel d’établissement de relations entre deux États indépendants, lorsqu’ils l’estiment utiles aux intérêts mutuels et à la stabilité régionale.
Selon un diplomate et spécialiste en Sciences Politiques[14], si l’Afrique est généralement vue comme une zone d’influence française, le moyen orient reste celle des États Unis, au moins depuis le pacte du Quincy de 1945 entre les USA et l’Arabie saoudite. Mais cet état de fait, considéré comme un acquis des relations internationales, n’a jamais empêché les États Unis de pousser leurs pions en Afrique, ni la France de chercher à étendre son influence dans la péninsule arabique.
Mais au-delà de son intérêt propre, la France est aussi sensible aux symboles ; et le Qatar n’a pas manqué d’adresser à la France des signaux d’intérêt depuis son indépendance en 1971. C’est ainsi en français que le tout jeune État a demandé son adhésion à l’ONU. Et la France sera parmi les premiers pays à s’ouvrir à une représentation diplomatique du Qatar dès 1972.
Depuis, les relations se sont lentement mais continuellement renforcées, avec notamment un accord de coopération militaire signé en 1994. Sur le plan culturel, si les enfants de la famille Royale scolarisés au lycée franco-qatari Voltaire, apprennent le français depuis leur plus jeune âge, l’ouverture d’une antenne d’HEC à Doha et faire entrer ce dernier comme membre associé dans l’organisation mondiale de la francophonie le 13 octobre 2012 à Kinshasa est également un symbole fort de l’intérêt croissant du Qatar pour la langue de Molière, il s’agit aussi pour ce dernier à travers cette orientation stratégique de trouver, en terme de formation des cadres, comme en terme d’alliances militaires, des alternatives au modèles anglo-saxons.
La croissance des intérêts réciproque entre les deux États ne cesse donc d’augmenter depuis 1972 et reflète une dynamique efficace et forte qui renforce la solidité des relations bilatérales.
Les deux parties sont parti sur une confiance mutuelle qui a conduit au fil du temps vers une concordance diplomatique dans leurs positions respectives sur de nombreux sujets d’intérêt bi ou multilatéral et une avancée remarquable reliant les deux pays sur le plan stratégique.
Pour la France, dès 1945, la construction européenne se trouve au cœur de la politique étrangère française. Plusieurs raisons majeures à cela : restaurer la paix et garantir la sécurité des États, consacrer la forme démocratique de gouvernement, et bâtir un espace économique et monétaire intégré susceptible de garantir la prospérité aux peuples européens. Dès lors, le général de Gaulle, les présidents français ne cesseront d’œuvrer à la concrétisation et au développement de ce socle européen pour en faire une puissance économique et une enceinte politique respectée.
Pour l’État du Qatar, selon sa constitution, la politique étrangère et diplomatique du pays est fondée sur le principe de renforcement de la paix et la sécurité internationales, en favorisant la résolution des conflits internationaux par des moyen pacifiques, en soutenant le droit des peuples à l’autodétermination, et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et la coopération avec les nations aimant la paix.
Cité plus haut, le principe de confiance qui fait le fondement des relations bilatérales entre les deux pays est le résultat d’une volonté et une transparence commune nourris par les intérêts de chacun de trouver chez l’autre une alternative fiable et efficace. Il est évident que les relations internationales ont évolué depuis la deuxième guerre mondiale raison pour laquelle le principe de diversifier les partenaires est fortement apprécié par les états dans la mesure où leurs intérêts y sont.
Toutes les questions stratégiques entre les deux pays méritent d’être développées notamment dans la coopération énergétique, militaire et au-dessus la concertation politique.
Les intérêts communs et la particularité de la confiance de chaque partie mettent ces relations dans un rang supérieur indéfectible et fiable. À ceci s’ajoute, le rôle de chacun dans sa sphère et le degré de concertation sur les différents sujets d’intérêt commun ne font que renforcer ces relations et les rendent particulièrement privilégiées.
Il a ajouté que parmi les accords principaux déjà signés entre les deux pays sont les suivants :
Accord de défense de 1994
Soutien indéfectible de l’Émir père Hamad bin Khalifa AL THANI
Soutien du pays pour l’organisation de la coupe du monde
Soutien du pays pendant la crise de 2017
Échanges économique (énergie, transport, etc)
Le site du ministère des Finances du Qatar a publié, le 29 janvier 2023[15], un article intitulé « Joint statement France-Qatar », sur le partenariat économique entre la France et l’État du Qatar. Son Excellence Ali bin Ahmed Al Kuwari, ministre des Finances de l’État du Qatar, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances, de l’Industrie et de la Souveraineté numérique de la République française, se sont entretenus à Doha le 29 janvier à l’occasion de la visite du ministre français au Qatar.
S’appuyant sur les liens économiques et commerciaux solides entre l’État du Qatar et la République française, les deux pays ont réaffirmé leur engagement mutuel à approfondir leur coopération économique et financière.
Les relations bilatérales entre le Qatar et la France sont fondées sur une amitié de longue date et une confiance mutuelle, ainsi que sur d’importants intérêts économiques stratégiques partagés. Dans cet esprit, le Qatar et la France sont convenus de renforcer leur partenariat existant, sur la base du protocole d’accord signé entre S.E. Ali bin Ahmed Al Kuwari et Bruno Le Maire en décembre 2021.
Au cours des deux dernières années, le Qatar et la France ont développé une coopération croissante et fructueuse dans les domaines de l’économie circulaire, de la sécurité alimentaire, des partenariats public-privé, des questions de dette publique et de la finance verte. Les deux parties ont convenu de continuer à renforcer leur dialogue dans ces domaines, ainsi que sur la promotion des investissements croisés et sur l’énergie.
En ce qui concerne les investissements croisés, le Qatar et la France ont discuté du contenu d’une feuille de route contenant des domaines et des projets spécifiques d’intérêt commun, avec un fort accent sur l’innovation dans les technologies numériques et émergentes, conformément aux visions nationales du Qatar et de la France à l’horizon 2030.
Coopération en environnements (énergies nouvelles)
Ce paragraphe étudie les différentes conventions signées entre l’État du Qatar et la France dans le domaine de l’environnement Le site officiel du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique a fait apparaitre un article, le 22 octobre 2023[16], précisant la volonté bilatérale franco-qatarie de renforcer la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’environnement. La réunion sur le dialogue national du Qatar concernant le changement climatique a débuté le 15 octobre sous la direction du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, le Dr Cheikh Faleh Al Thani, et en présence de l’ambassadeur de France au Qatar, M. Jean-Baptiste Faivre.
Dans le cadre d’une collaboration, le Fonds du Qatar pour le développement (QFFD), le Centre Earthna pour un avenir durable et le ministère de l’environnement et du changement climatique sont fiers de présenter les prix du QFFD pour le développement durable. Conçue pour récompenser les initiatives exemplaires en matière de développement durable émanant des pays les moins avancés (PMA), cette plateforme souligne l’engagement en faveur du progrès mondial.
Cette année, le prix était principalement axé sur la sécurité alimentaire. Nous avons minutieusement examiné les projets caractérisés par l’innovation, l’extensibilité et des solutions tangibles et efficaces dans le domaine des défis liés au changement climatique.
Au cours de cette session, M. Khalifa bin Jassem Al-Kuwari, directeur général du QFFD, aura l’honneur de présenter le prix et d’annoncer officiellement le lauréat – un moment crucial qui illustre notre engagement collaboratif à faire progresser les pratiques durables à l’échelle mondiale.
Le site Perspective Monde a publié un article le 28 février 2019 intitulé « Qatar inhabitable d’ici 2100 »[17]. Selon cet article, la lutte contre les changements climatiques est devenue un enjeu d’ampleur mondiale, touchant désormais toutes les régions du globe. Depuis 1980, les catastrophes naturelles se multiplient, avec une intensité croissante au fil des années. Les canicules, sécheresses, pluies torrentielles, cyclones et ouragans sont autant de manifestations du réchauffement climatique qui affectent l’ensemble des pays et ne peuvent plus être négligées.
D’ici 2100, une grande partie des villes du Golfe, notamment Abou Dhabi, Doha, Dubaï, Dhahran et Bandar Abbas, pourraient devenir inhabitées en raison des températures extrêmes. Au Qatar, les effets du réchauffement climatique, aggravés par une humidité dense, pourraient entraîner l’évacuation totale de la péninsule arabique. Selon les estimations, les pics de température humide vont frôler, voire dépasser, le seuil critique, devenant mortels pour les êtres humains. Si aucune action n’est entreprise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le Qatar pourrait se transformer en un vaste désert inhabité. Ces dernières années, la chaleur extrême est devenue monnaie courante en été, avec des températures atteignant près de 50°C.
Des chercheurs qataris soulignent que les zones urbaines sont particulièrement vulnérables aux augmentations rapides de température en raison de la présence de matériaux qui absorbent la chaleur, ainsi que de l’asphalte.
La péninsule subit également d’autres phénomènes météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique. En octobre 2018, l’équivalent d’une année de pluie est tombé en moins de 24 heures à Doha, la capitale qatarie. Normalement, l’automne est la saison la plus sèche de l’année au Qatar, avec une moyenne annuelle de 77 millimètres de pluie, alors qu’il en est tombé 84 en une seule journée.
D’après les données du World Resources Institute, les nations du Moyen-Orient devront faire face à une grave pénurie d’eau au cours des 25 prochaines années. En effet, le Qatar se trouve dans une situation de stress hydrique extrême, avec une disponibilité en eau inférieure à 1 700 mètres cubes par habitant par an. Dépourvu de lacs et de rivières sur son territoire, le Qatar a un accès très limité à des sources d’eau douce renouvelables et doit donc compter principalement sur les eaux souterraines et le dessalement. Les sécheresses récurrentes dans cette région du globe exacerbent et accélèrent la crise de l’eau.
Malgré les contraintes géographiques, le Qatar est également un important pollueur. Avec une production annuelle de près de 50 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par habitant, il détient le triste record du plus gros émetteur de CO2 par personne au monde. Cette émission massive de CO2 est en grande partie responsable du réchauffement climatique, étant donné que le Qatar, bien que peu peuplé, est un grand producteur de pétrole et de gaz.
Souvent critiqué sur la scène internationale en raison de ses importantes émissions de gaz à effet de serre, le Qatar cherche désormais à améliorer son image. En effet, ce pays est en train de devenir un modèle pour toutes les initiatives en matière de développement durable et d’énergies renouvelables dans sa région. L’objectif est de créer un environnement plus propre sur le plan énergétique et de contribuer ainsi à atténuer les problèmes liés aux changements climatiques. Cependant, jusqu’à présent, le pays n’a pas pris d’engagement formel dans le cadre des négociations de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le climat.
Dans le cadre de sa Vision nationale 2030, le Qatar s’engage à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles et place le développement durable au sommet de ses priorités. Par exemple, il vise à installer des infrastructures capables de produire 10 gigawatts d’énergie solaire.
En outre, le Qatar, ainsi que cinq autres grandes entreprises de l’industrie pétrolière, s’engagent à lutter contre les changements climatiques. Ensemble, ils encouragent les entreprises qu’ils soutiennent à mieux intégrer les risques liés au dérèglement climatique.
Comme pour tout pays dont l’économie dépend largement de l’industrie pétrolière, le Qatar est confronté à des défis majeurs dans cette transition vers une économie plus verte. Néanmoins, il a promis de construire des stades fonctionnant à l’énergie solaire pour la Coupe du Monde de la FIFA qui s’est tenu sur son territoire en 2022. S’il parvient à tenir cette promesse, il se positionnera en tant que leader dans sa région.
Les autorités qatariennes ont décidé de mettre en avant la France lors de la 3e édition de leur dialogue national. Ainsi, en collaboration avec le ministère de l’Environnement et du Changement Climatique ainsi qu’Earthna (Qatar Foundation), le Service Économique de l’Ambassade de France et la Chambre de Commerce et d’Industrie France Qatar (CCIFQ) ont travaillé étroitement ensemble.
L’événement, appelé Qatar National Dialogue on Climate Change (QNDCC), s’est déroulé au Congress Center de l’Expo 2023 Doha, et a rassemblé une vingtaine de panélistes sur deux jours pour discuter de l’innovation en faveur d’un développement économique durable. Les sujets abordés lors des tables rondes et des présentations comprenaient la sécurité alimentaire, la diversification économique, la finance verte, l’intelligence artificielle et le transport durable.
Plusieurs institutions et entreprises qatariennes de premier plan étaient représentées lors de cet événement, notamment le ministère du Commerce et de l’Industrie, le ministère des Municipalités, Qatar National Bank (QNB), Qatar Development Bank (QDB), Qatar Fund For Development (QFFD), Qatar University, Hamad bin Khalifa University, Baladna, Mowasalat, Starlink, Strategy Hub, entre autres.
L’expertise française a été hautement appréciée et a grandement contribué au succès de l’événement, avec la participation d’entreprises telles qu’Alstom, Aura Aero, BNP Paribas, Crédit Agricole, Egis, Engie, Veolia, Vinci, parmi les panelistes.
De plus, cet événement a permis de mettre en avant les objectifs des stratégies nationales de la France et du Qatar à l’horizon 2030, ainsi que de présenter diverses initiatives en faveur d’une économie durable. La coopération entre la France et le Qatar est déjà solide, mais il existe des opportunités pour approfondir les partenariats dans des domaines clés tels que le développement des transports durables, la mise en œuvre d’une économie circulaire, la création d’un écosystème local pour garantir la sécurité alimentaire, la digitalisation de l’économie et la promotion de la finance verte.
Plongeant dans la dynamique complexe de l’eau et de la sécurité alimentaire au Qatar, cette table ronde vise à disséquer les défis liés à la garantie d’un accès durable à l’eau potable et à la résilience alimentaire dans le contexte particulier du Qatar. Réunissant d’éminents experts, des décideurs politiques et des acteurs clés, cette session est consacrée à des délibérations réfléchies sur les stratégies de lutte contre la pénurie d’eau et de renforcement de la sécurité alimentaire.
L’accent sera mis sur les solutions innovantes, en particulier dans le domaine de la gestion efficace de l’eau. Les discussions porteront notamment sur les technologies de pointe telles que le dessalement et le recyclage des eaux usées, reconnues comme essentielles pour faire face aux contraintes environnementales arides du Qatar. En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le panel se penchera sur les initiatives agricoles locales, le potentiel de l’agriculture verticale et la diversification des sources de nourriture.
En outre, le groupe examinera l’impact du changement climatique sur ces secteurs critiques et la nécessité de mettre en place des stratégies d’adaptation et d’atténuation. En abordant la question de l’eau et de la sécurité alimentaire de manière globale, ce groupe vise à favoriser des solutions durables qui non seulement profiteront au Qatar, mais serviront également de modèle aux régions confrontées à des défis similaires dans un monde de plus en plus vulnérable au changement climatique.
Coopération culturelle, scientifique et technologique
Dans le domaine de la culture, l’année culturelle Qatar-France 2020 a été un temps fort de la relation bilatérale, marqué par des activités conjointes entre l’ambassade et de grandes institutions culturelles françaises et qataries : » Notre monde brûle » au Palais de Tokyo, en coopération avec le musée Mathaf de Doha ; les ateliers de Picasso à la caserne des pompiers de Doha, fruit d’une coopération entre les musées du Qatar et le musée national Picasso de Paris. Par ailleurs, le Musée national du Qatar, réalisé par les Ateliers Jean Nouvel, a été inauguré le 27 mars 2019 en présence de l’Émir, Cheikh Tamim Al Thani, et du Premier ministre français, M. Édouard Philippe, en visite d’État au Qatar.
Le Qatar – qui compte 200 000 francophones – est membre associé de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis octobre 2012. La même année, un projet de réintroduction de la langue française dans l’enseignement public a été initié et relancé en 2022 par le ministère qatari de l’Éducation. La création d’une mineure en français à l’Université du Qatar en 2016 a constitué une avancée majeure dans la promotion de la langue française. L’université a également rejoint l’Agence universitaire de la Francophonie en tant que membre observateur. Une centaine d’étudiants qataris sont actuellement inscrits dans des centres de langue française et des universités. Deux établissements scolaires français ont été créés à Doha : Le lycée Bonaparte, sous contrat avec l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), qui a fêté ses 44 ans en 2020, et le Lycée franco-qatari Voltaire, homologué par l’AEFE, qui a fêté ses 13 ans cette année. Quelque 3 400 élèves sont scolarisés dans les deux établissements.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Qatar a invité plusieurs grandes institutions universitaires internationales à établir une antenne à l’étranger dans sa « Cité de l’éducation ». L’école de management HEC de Paris est l’une de ces institutions et a fêté ses 10 ans au Qatar en 2020. Plus de 720 étudiants ont été diplômés depuis 2010.
Par ailleurs, la France et le Qatar ont construit un partenariat de confiance dans le domaine du sport, la France ayant notamment apporté son aide lors des 15e Jeux asiatiques en 2006. Lors de la visite du Premier ministre Édouard Philippe en mars 2019, la France s’est engagée à soutenir le Qatar pour l’organisation de la Coupe du monde de football 2022, notamment dans le domaine de la sécurité.
*Chercheur doctorant à l’Université de la Lumière, Lyon 2.
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References
[1] Arafat Ali Jarghoun, (قطر وتغير السياسة الخارجية (حلفاء – أعداء), Le Qatar et le changement de politique étrangère : alliés et ennemis, Centre arabe d’études politiques, Doha, 2017.
[2] Al-Watan, « Le partenariat qatari-français est un modèle mondial », publié le 29 février 2024, https://www.al-watan.com/article/110516/الوطن/الشراكة-القطرية-الفرنسية-نموذج-عالمي
[3] Qatar-Tribune, “ Qatar & France : Tremendous Strides For Bright Future”, publié le 31 mai 2022, https://www.qatar-tribune.com/article/235644/OPINION/Qatar-France-Tremendous-Strides-For-Bright-Future
KNDS, « Signature of two memorandums of understanding (MOU) between NEXTER and BARZAN a new step for acquisition of VBCI”, publié le 13 mars 2018, https://www.knds.fr/en/our-news/latest-news/signature-two-memorandums-understanding-mou-between-nexter-and-barzan-new-step
[5] TacticalReports, “Qatar, France, and air defense systems cooperation”, publié le 20 février 2023, https://www.tacticalreport.com/daily/61483-qatar-france-and-air-defense-systems-cooperation
[6] Reuters, “ After Qatar talks, France sees chance to develop defence partnership
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[7] CCIFQ, “Qatar and France affirm the depth and diversity of their strategic partnership”, publié le 29 février 2024, https://www.ccifq.com/en/news/zoom-on-a-news/news/qatar-and-france-affirm-the-depth-and-diversity-of-their-strategic-partnership.html
[8] Team France, “Guide des affaires Qatar 2023”, publié le 24 mars 2023, https://www.teamfrance-export.fr/livres-blancs/87325-guide-des-affaires-qatar-2023
[9] Thenewkhalij, “Les relations qataris-françaises… du domaine économique à l’espace militaire », publié le 28 avril 2023, https://thenewkhalij.news/article/293848/فرنسا-وقطر-علاقة-دائمة
[10] “France and Qatar : Bilateral relations”, publié le 29 janvier 2023, https://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/qatar/france-and-qatar-65122/#sommaire_1
[11] Entretien du 24 juillet 2023.
[12] Entretien du 9 juillet 2022.
[13] “France and Qatar : Bilateral relations”, publié le 29 janvier 2023, https://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/qatar/france-and-qatar-65122/#sommaire_1
[14] Entretien du 10 avril 2023.
[15] « Joint statement France-Qatar », publié le 29 janvier 2023, https://presse.economie.gouv.fr/29012023-joint-statement-france-qatar/#:~:text=Qatari%2DFrench%20bilateral%20relations%20are,Le%20Maire%20in%20December%202021.
[16] DG, “La France, partenaire du Qatar National Dialogue on Climate Change », publie le 22 octobre 2023, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2023/10/22/la-france-partenaire-du-qatar-national-dialogue-on-climate-change
[17] Perspective Monde, “Qatar : inhabitable d’ici 2100 », publie le 28 février 2019, https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/2709#:~:text=Au%20Qatar%2C%20les%20effets%20du,la%20péninsule%20arabique%20(2).&text=Selon%20des%20estimations%2C%20des%20pics,mortel%20pour%20l’être%20humain.